dimanche 13 mars 2011

PASSAGE TO INDIA (3) : PLEASE MR. FOSTER, I’M DOING MY BEST
















EN ROUTE POUR LA DECOUVERTE INDEPENDANTE
Après deux semaines au Quiet, Chantal et moi avec Rajendran, notre chauffeur de taxi, nous sommes mis en route pour aller encore vers le sud de l’Inde. Avec l’aide de Chane nous avons rédigé notre itinéraire (trop optimiste au début concernant les kilomètres possibles dans une journée), négocié le forfait, compté les sous et plus, nous avions envie de voler de nos propres ailes.

Je ne vais pas écrire sur tout ce que nous avons fait. Tout s’est très bien déroulé et le côté spirituel a provisoirement cédé la place au tourisme pur. Il faut savoir qu’il est impossible de voyager sans chauffeur à cause du chaos sur les routes. Bien sûr, il reste des transports en commun (et nous avons pris le train un moment donné) mais il faut être jeune pour prendre le bus. Dans ma tête j’ai rédigé les qualités nécessaires pour être conducteur de bus :

Etre jeune et de sexe masculin
Avoir une conjonction Mars, Uranus, Pluton en Bélier dans son thème natal
Avoir très envie de mourir jeune
Aimer prendre des risques
Ne pas avoir aucune considération pour les passagers
Croire en votre invincibilité (de toute façon la réincarnation existe)
Croire sincèrement que chaque route est, en réalité, un circuit de formule1 (avoir râté l’examen pour être un pilote de course automobile par exemple)
Aimer les sensations fortes et être un peu casse-cou
Peureux merci de s’abstenir

Non, les bus n’étaient pas pour nous. Une autre vie peut-être.

L’objectif était d’aller tout doucement (de toute façon on ne pourrait pas faire autrement) vers Madurai dans le Tamil Nadu et puis traverser les montagnes pour entrer dans le Kerala pour aller finalement dans l’Ashram d’Amma y passer plusieurs jours. Rajendran avait l’habitude d’emmener les touristes et il conduisait très bien, s’arrêtant en route pour nous montrer des temples ou pour nous laisser prendre des photos. Le premier jour il fallait cependant lui expliquer ce qui était possible avec notre budget parce qu’à midi, il nous a déposé dans un restaurant haut de gamme. Après il a boudé quelques heures (ambiance froide dans le taxi !!!) puis, il a accepté que nous n’étions pas des touristes riches et tout est rentré dans l’ordre.

Les temples indiens sont magnifiques. A Madurai nous avons eu une visite guidée (obligée à un moment donné si vous voulez comprendre et organisé par Rajendran, donc il a dû avoir sa commission) où j’ai appris qu’on pouvait passer sa requête au dieu par l’intermédiaire de Nandi, le taureau de Shiva. J’ai toujours été fasciné par les vaches en Inde et par les statues de Nandi (mais à l’époque je ne savais pas que c’était Nandi). Par conséquent, j’ai pu caresser (un) Nandi et souffler dans son oreille ma prière et ma demande.

Nandi (ou Nandi), dont le nom signifie "Le Joyeux" est le taureau blanc qui accompagne le Dieu Shiva et lui sert de monture (vâhana). Quand on voit Nandi, on voit Shiva. Il est le symbole de Shiva et son fidèle serviteur. Et c'est aussi son disciple le plus proche.

Il est presque toujours couché, pattes repliées, et installé sous un pavillon ou un dais de pierre devant l'entrée principale des temples de Shiva ou directement devant l'entrée du sanctuaire principal, la garbha-griha. Nandi est beaucoup plus vénéré qu'un simple animal, car il n'est pas seulement la monture du Dieu. Puissance de fertilité, il est touché (sur la tête ou aux testicules) par tous les fidèles avant de pénétrer dans le temple proprement dit. Il est aussi symbole de justice et bien entendu, vu sa couleur, de pureté.

Je n’arrive pas à mettre en mots la beauté de ces statues, la puissance et l’envie de les caresser. Et en Inde, vous avez la possibilité de toucher donc mon plaisir était au paroxysme. Je crois que Chantal en avait marre par moments parce que j’aurais voulu passer toute la journée en présence de Nandi (je ne l’ai pas fait et Chantal et moi ne s’est jamais disputé pendant notre voyage). Il est partout, beau, doux, majestueux, puissant. Peut-être parce que la spiritualité est vivante en Inde, ces statues vivent aussi. Peut-être parce que les vaches sont sacrées… allez savoir, mais si vous aimez les animaux, je vous mets au défi de ne pas toucher ces statues, de ne pas leur parler. Je n’ai pas trop aimé le fait que les indiens mettent souvent un torchon sur Nandi dans le temple parce que je trouve qu’on cache sa beauté.

J’ai pu me faire bénir par l’éléphant du temple aussi, mais je les plaignais parce qu’ils passent toute la journée au temple et même s’ils mangent et qu’on s’occupe bien d’eux, j’ai l’impression qu’ils s’ennuient.

Rouler avec Rajendran était un pur plaisir (après le choc du premier restaurant). Le paysage dans le sud est magnifique et luxuriant. Il y a beaucoup plus d’eau que je n’aurais imaginé pour le sud du pays. J’ai vu bien sûr des champs de riz, mais des bananiers, des cocotiers, du sucre à canne. Il paraît que plus de 90% de la population a reçu une éducation et j’avais l’impression qu’une éducation est très prisée. Etant galloise je sais que quand j’étais jeune l’éducation traditionnellement représentait la porte de sortie vers une meilleure vie. Sinon, c’était les mines (pour les hommes). J’ai trouvé cette même impression en Inde du sud. Les premiers grands panneaux dans les villes sont pour les politiciens, mais après viennent les panneaux pour des écoles, des diplômes, des collèges, des universités. Et partout tous les enfants sont en uniforme scolaire, un régal pour les yeux. Regardez les photos de ces filles. Adorables non ? La suveillante courait après avec un bâton pour faire plus peur que de mal. Allez les filles, l’avenir dépend de vous aussi.

Au début c’était difficile de comprendre l’anglais de Rajendran (j’avais même du mal à prononcer son prénom. Au début j’étais obligée de lire son nom sur mon carnet, tellement son nom ne voulait pas rentrer dans ma tête, mais au fur et à mesure je comprenais. Lui il comprenait qu’on n’était pas riche, donc tout allait le mieux dans le meilleur des mondes. Chantal m’appris (c’est une véritable mine de connaissances, j’étais épatée !!) que les formules de politesse n’existent pas dans leur langue, donc « pourriez-vous ouvrir le vitre de la voiture s’il vous plaît » devenait : « Window !!! Open !!! » et je n’ai pas tardé à obéir.

Nous cherchions des chambres de l’ordre de 600 rupees la nuit (10 euros) et tout était variable allant du plus propre au …… eh bien, au beaucoup moins propre (cafards et cie) mais nous avions chacune un sac de couchage quand nécessaire. Le sud de l’Inde est principalement végétarien, ce qui nous convenait, et nous avons pu manger pour 70 rupees le plat (un peu plus d’un euro) quelque fois pour encore moins cher, mais l’assiette dans ce cas-là est une feuille de banane et vous n’avez pas le choix, c’est du riz et je ne sais pas quoi mais le tout à volonté. Nous avons bu beaucoup de fruits pressés (après une longue discussion entre Chantal et moi pour être sûres de ne pas attraper la courante) et je dois dire que nous n’avons pas été malades une seule fois. Nous nous sommes aventurés dans des restaurants ou des bars (non alcoolisés bien sûr) et nous avons été bien servies et jamais roulées et d’ailleurs cela aurait été facile parce que nous avions du mal par moments à comprendre ce que nous étions en train de commander. Petite anecdote amusante cependant. Chaque fois que Chantal posait la question pour savoir si les légumes étaient « spicy », le serveur insistait « No, not spicy »…. Et chaque fois je finissais le plat de Chantal parce que trop spicy !!! Et de cette façon les jours passaient, chauds, ensoleillés, bien….. et bientôt nous arrivions dans le Kerala.





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